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Le « plan Eau du gouvernement», les 6 grandes idées à retenir

Le « plan Eau du gouvernement», les 6 grandes idées à retenir

L’hiver 2022-2023 n’ a pas permis aux cours d’eau et aux nappes phréatiques de retrouver un niveau de remplissage normal. Les déficits en recharge enregistrés sur la quasi-totalité du territoire métropolitain sont annonciateurs de graves difficultés au niveau de l’accès à la ressource en eau au cours de l’été 2023.

Lors de l’été 2022, les températures observées en France ont été anormalement élevées. Si l’on ajoute la faible pluviométrie constatée au 1er trimestre 2023, ces 2 phénomènes entraînent un fort risque d’une accentuation de la sécheresse.

Pour adapter le pays au changement climatique, le président Emmanuel Macron vient de présenter le “plan Eau” de son gouvernement, le 30 mars 2023 . 

Ce plan d’action pour une gestion résiliente et concertée, prévoit 53 mesures concrètes pour répondre à ces grands enjeux.

Son objectif est simple : réduire de 30 à 40% la ressource en eau dans notre pays à l’horizon 2050.

Un premier objectif est fixé pour 2030 : réaliser 10 % d’économie d’eau dans tous les secteurs. 

6 axes ont été définis dans cette perspective lors de la présentation de ce plan à Savines-le-Lac où se trouve le lac de Serre-Ponçon, particulièrement touché par la sécheresse l’été dernier.

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, l’a rappelé « nous avons commencé l'automne avec un niveau plus bas dû à la sécheresse estivale, nous avons connu 32 jours de sécheresse hivernale et le mois de mars n'a pas permis de récupérer le niveau des nappes », ajoutant que « certains départements n'ont pas levé les restrictions depuis l'été dernier ».

 

Les 6 grandes idées à retenir

Mise en place d’un « Ecowatt de l’eau »

Après les outils Ecowatt et Ecogaz lancés l’automne dernier pour aider les Français à adopter leur consommation d’énergie, un dispositif similaire va voir le jour pour l’eau. Son nom, l’Ecowatt de l’eau. Il doit être mis en place courant mai 2023. (source gouvernementale )

Ce nouveau dispositif va permettre de connaître l’état des ressources en eau de son territoire. Cet outil va aussi informer sur les « restrictions qui s’appliquent en fonction de sa géolocalisation et de sa catégorie d’usager, et les éco-gestes recommandés au regard de la situation hydrologique locale.»

L’État veut donc inciter les Français à faire des économies d’eau pendant l’été 2023, qui s’annonce compliqué au vu des premiers mois de cette année, qui ont été catastrophiques en termes de pluviométrie.

L’application, bien que nationale, va donner des informations « territoire par territoire ». Ce sera ensuite aux préfets de fixer les « règles de partage et de bon usage de l’eau ». 

Les restrictions seront donc différentes d’un département à l’autre.

Ce qu’il faut retenir, c’est que l’objectif est d’impliquer tout le monde (citoyens, agriculteurs, chefs d'entreprise, maires…), pour limiter au mieux les risques de sécheresse.

  

Extension de la sobriété dans tous les secteurs et dans la durée

Selon l’estimation retenue, la prévision indique qu’en 2050 le changement climatique doit entraîner, pour notre pays, une baisse de 30 à 40 % de l’eau disponible. Cela concerne tous les secteurs mais certains sont particulièrement plus touchés que d'autres.

 

En premier la production hydro-électrique 

Le chef de l’État a annoncé un programme d’investissement – non chiffré – pour adapter au réchauffement climatique les centrales nucléaires, troisièmes consommatrices d’eau en France pour se refroidir. 

Environ 12 % de l’eau consommée en France l’est par les centrales, a-t-il rappelé. 

«On doit adapter nos centrales nucléaires au changement climatique en engageant un vaste programme d’investissement pour faire des économies d’eau et leur permettre de fonctionner beaucoup plus en circuit fermé », a-t-il déclaré.

Dans ces domaines, la sobriété sera dépendante de l’innovation et donc de l’investissement. Ainsi dans le nucléaire, l’eau de refroidissement, qui est actuellement rejetée, devra être utilisée en circuit fermé, ce qui nécessitera de gros investissements. 

Pour l’hydro-électricité, l’eau retenue dans les lacs artificiels des barrages, a de multiples usages et il conviendra de définir des règles adaptées à chaque territoire concerné.

centrale nucléaire

En second lieu l’industrie

L’industrie est le deuxième secteur concerné car il faut adapter les filières très consommatrices au changement climatique.

Ce plan Eau insiste d'abord sur la nécessité de poursuivre la réindustrialisation du pays entreprise récemment. Avec le corollaire que les sites industriels, créateurs d’emplois, doivent aussi être décarbonés et sobres quant à l’utilisation de l’eau : production de batteries, d’hydrogène, de biens « verts »…. 

 

Lutte contre les fuites avec la modernisation du réseau

 

Le constat actuel souligne l’importance des fuites : un litre d’eau sur cinq  est perdu dans le réseau avant d’arriver au robinet du consommateur

Et dans certains territoires, la perte est même de 1 litre sur 2 !

« C’est une situation aberrante qu’on doit corriger en urgence », a estimé Emmanuel Macron, présentant la situation comme « le fruit d’un sous-investissement historique » ainsi qu’à l’habitude de ne pas payer ou facturer le prix de l’eau au niveau suffisant. 

Dans son plan eau, le président de la République a donc mis l'accent sur la chasse aux fuites dans les canalisations.

Au total, 170 “points noirs”  ont été répertoriés par les services de l’État. Ce sont 170 communes, intercommunalités ou syndicats qui ont été identifiées, où 50 % d’eau est perdue dans les canalisations, soit un litre sur deux gâchés. Ces points noirs feront l'objet de travaux en priorité. 

L’objectif est alors de moderniser les réseaux pour supprimer les fuites, d’installer des compteurs intelligents et d’adapter la tarification aux volumes consommés.

Pour y remédier et accompagner les territoires les plus vulnérables, 180 des 475 millions d’euros d’aides “seront dédiés au petit cycle de l’eau” dès 2024.

Ces aides aux collectivités seront "conditionnées à des objectifs de performance de gestion de leur patrimoine".

Dans les 2000 communes qui se sont retrouvées proches d'une situation de rupture d'approvisionnement en eau potable lors de la sécheresse de l'été dernier, des travaux de sécurisation seront également réalisés.

 fuite d'eau

Investissements pour la réutilisation des eaux usées et mobilisation de nouvelles ressources

En France moins de 1 % de l’eau usée est retraitée pour être réutilisée. 

C’est l’une des réponses à la raréfaction de la ressource en eau douce, en fournissant des quantités supplémentaires d’une eau de bonne qualité, en assurant le cycle d’épuration naturelle ainsi que la protection de l’environnement.

 

La réutilisation des eaux usées

L’objectif est de parvenir à 10 % en 2030. Dans cette perspective 1 000 projets doivent être lancés dans les 5 prochaines années pour le recyclage et la réutilisation des eaux grises, ce qui est tout à fait possible étant donné la compétence des acteurs industriels dans ce domaine.

L’Etat s’est également engagé à créer un observatoire dédié, pour capitaliser les retours d’expérience et faire connaître ces techniques auprès des collectivités territoriales.

Les eaux usées traitées proviennent en général de stations d’épuration. Elles sont issues de l’utilisation domestique, industrielle ou du ruissellement. 

La réutilisation des eaux usées traitées s’inscrit dans une démarche de sobriété. Elle s’intègre à la gestion concertée de la ressource en eau (gestion territoriale de la ressource ainsi que des fuites, amélioration des traitements, pratiques agroécologiques…).

 

  Le recyclage et la réutilisation des eaux grises

Les « eaux grises » ou « eaux usées » regroupent toutes les sources d’eau domestiques sauf celles de la chasse d’eau des toilettes. Cela inclut l’eau drainée des lavabos, de la douche et de la machine à laver le linge.

Ces eaux, non potables, ne peuvent pas être bues. Elles peuvent être réutilisées après avoir subi un traitement.

Elles représentent près de 40% de notre consommation quotidienne en eau potable. 

 

Planification des usages de l’eau en fonction de notre modèle agricole

L’eau, indispensable à l'agriculture, est fragilisée par le changement climatique. 

A cet égard toute nouvelle infrastructure agricole doit s’appuyer sur 3 piliers :

- Adaptation au climat de demain avec la nécessité d’un diagnostic sur l’eau disponible, la nature du sol, la culture envisagée qui peut faire l’objet d’une aide à l’installation.

- Irrigation prévue pour une économie de la consommation : goutte à goutte, mise en place d’un système intelligent…. Adoption d’autres schémas de culture et /ou transfert vers d’autres territoires de la République.

- Évolution du stockage de l’eau par l’attention portée à l’état du sol, le premier concerné pour retenir l’eau et favoriser la recharge des nappes phréatiques (arbres – haies … pouvant retenir l’eau). Création d’un fonds pour l’hydraulique agricole pouvant être utile à plusieurs usages (biodiversité – tourisme….) et favorisant la réduction des pesticides.

L’eau est indispensable à l’agriculture et à notre souveraineté alimentaire. La perspective conduit à une augmentation des surfaces irriguées par l’extension des terrains agricole.

Mise en place d’une tarification adaptée dans tous les domaines d’utilisation 

La gestion durable de l’eau nécessite des dépenses et des investissements relatifs aux deux cycles de l’eau.

- le petit cycle comprenant la production d’eau potable, l’assainissement et l’entretien des réseaux de distribution et de collecte

- le grand cycle relatif à la réduction des pollutions et à l’amélioration de l’état des milieux aquatiques.

Le financement de ces deux cycles repose sur deux principes.

« L’eau paie l’eau » 

L’eau est un bien commun et la nécessité demeure de garantir, à tous les Français, une eau potable de qualité pour les besoins essentiels. L’objectif est alors la mise en place d’une tarification progressive et responsable.

Le principe est de conserver un tarif proche du prix coûtant pour les besoins du quotidien : boire – se laver – et pratiquer les usages domestiques.

Au-delà d’un certain niveau correspondant à une consommation de confort, la tarification devra augmenter ce qui doit aussi favoriser la sobriété nécessaire.

 

  Le « principe pollueur – payeur »  

Ce principe est inscrit dans le code de l’environnement (Loi Barnier de 1995). Les dépenses relatives à la prévention et à la réduction de la pollution doivent être supportées par le pollueur. Cela à partir de taxes et de redevances sur les activités et les usages générant une pollution des milieux aquatiques qui correspondent au financement des actions de réduction de la pollution comme de gestion durable de l’eau.

Les redevances sont perçues par les agences de l’eau qui les reversent sous forme d’aide financière aux collectivités locales, aux agriculteurs, aux industriels.

Dans son discours du 30 mars dernier le Président de la République a indiqué que le montant du budget annuel de l’eau en France est de l’ordre de 20 milliards d’euros et que l’ensemble des mesures proposées dans le plan Eau représente un coût supplémentaire annuel de 6 milliards d’euros. 

 goutte d'eau

Conclusion

L’eau est une ressource indispensable pour notre santé, pour notre écosystème et pour notre économie. Elle est essentielle pour la consommation d’eau potable, pour les usages domestiques, agricoles, industriels et pour l’énergie.

C’est une ressource en tension en tant que marqueur du changement climatique..

Il est donc devenu indispensable de prévoir et d’organiser la préservation de cette ressource.

Le plan d’action pour une gestion résiliente et concertée, qui vient d’être établi, prévoit 53 mesures concrètes pour répondre à ces grands enjeux.